Il nous faut identifier comment l’attaque et le retrait entravent l’amour, particulièrement dans nos relations avec nos familles et nos amis. Nous pouvons briser le pouvoir de ces deux tendances, mais cela ne se fera qu’au prix de marquer, calmement mais fermement, notre refus de coopérer avec ces éléments nocifs et notre désir de choisir consciemment la bonne volonté et le bien envers l’autre, au sein même de ces attaques. Ce que nous faisons dans nos rencontres chrétiennes devrait nous équiper à reproduire ce que nous apprenons dans d’autres situations.
L’attaque et le retrait peuvent mettre à mal un couple (même chez les chrétiens engagés). Un mariage heureux, c’est se donner entièrement à l’autre et le soutenir pour le bien dans sa vie, de n’importe quelle manière (voir Ephésiens 5.22-23). Mais, me répondriez-vous, ce n’est pas leur faute : comment pourrait-il en être autrement dans ce monde ? Dans notre société actuelle, le désir individuel est devenu le standard et la norme. Comment pouvons-nous nous servir mutuellement si le désir est roi et peut être atteint par plein d’autres moyens que notre conjoint ?
La « malformation » spirituelle de la jeune génération en est le résultat inexorable. Leur âme, leur corps, leur esprit absorbent l’attaque et le retrait des parents avec qui il vivent. Ils sont vite attaqués et pétrifiés. Leur seule issue est d’adopter une attitude constante de retrait. Ces âmes endurcies et esseulées sont peu à peu préparées pour les addictions, l’agression, l’isolement et un comportement autodestructeur.
Une fois adultes, ces enfants ne s’adaptent pas aux contraintes de leur lieu de travail, leur profession, à leurs obligations de citoyen, ou encore à l’autorité. Plusieurs tentent de corriger le tir en implémentant des solutions au problème humain, telles que l’éducation, la diversité ou la tolérance. Ce sont de bonnes choses, mais elles n’attaquent pas le problème à la racine. L’ignorance, les préjugés et l’intolérance font appel à des structures de l’âme encore plus profondes que celles de l’attaque et du retrait, lesquels nourrissent ces mauvaises influences.
Ainsi, pour guérir la plaie ouverte de l’existence sociale, les communautés d’apprentis de Jésus doivent revenir à la puissance transcendante de Christ. Ils doivent rejeter l’attaque et le retrait, l’agression et l’indifférence, dans leurs relations avec ceux qui constituent leur famille en Jésus, dans son Royaume.
Les attaques sont peut-être plus fréquentes dans le contexte familial parce que c’est là que se manifeste notre vraie nature. Peut-être que nous ne prenons pas le temps de nous composer parce que nous savons que nous pourrons nous en sortir. Mais en faisant cela, au lieu d’offrir ce que nous avons de meilleur à ceux que nous aimons, nous nous montrons sous notre pire jour.
Notre espoir de changement dépend de notre participation à la vie d’en haut, celle qui nous connecte au royaume spirituel invisible et à sa puissance (voir Jean 3.8). Nous avons vraiment « tout ce qui est nécessaire pour la vie et pour la piété. » Comment cela est-il possible ? Parce que nous connaissons « celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa force. » (2 Pierre 1.3) Expérimentons la connaissance de Dieu !
Entraînement
Imaginez Jésus enseignant dans la synagogue un jour de Sabbat. Une femme pliée en deux, infirme depuis dix-huit ans, se trouve là. Comme souvent, il est rempli de compassion pour elle, il l’appelle devant tout le monde et lui dit : « Femme, tu es délivrée de ton infirmité. » (Luc 13.12) Voyez-vous Jésus poser doucement sa main sur elle, voyez-vous la femme se relever, grande et majestueuse, éclatant en louanges pour Dieu ?
Pendant ce moment de joie et de silence admiratif arrive un responsable de la synagogue. Il est indigné : Jésus n’a pas choisi le bon jour pour cette guérison. Cela ne se fait pas le jour du Seigneur.
Effaçons la suite de l’histoire et imaginons plutôt Jésus qui lui répond par une attaque dont il a le secret, des éclairs qui jaillissent du ciel et réduisent en cendres l’opportun (rappelez-vous ce qui arrive à la méchante sorcière à la fin du Magicien d’Oz), ou Jésus qui l’ignore complètement mais plus tard utilise son autorité pour que cet homme ne trouve plus jamais de quoi manger dans cette ville.
En fait, Jésus a parlé. Il a qualifié son comportement d’hypocrite et insinué que la pauvre femme avait plus de valeur que le troupeau de l’homme, qu’il aurait considéré assez important pour venir à son secours s’il lui était arrivé quelque chose le jour du Sabbat (voir Luc 13.10-16).
Observez son refus calme mais ferme de coopérer avec ses attaquants. Il n’a pas pris les choses personnellement, mais a néanmoins pointé du doigt le problème.
Certains mots sont dangereusement puissants. L’erreur commune est de croire qu’ils peuvent être utilisés par tout un chacun et que l’effet produit sera le même pour tout le monde. Or, notre caractère affecte la puissance des mots. Considérez que la force des mots peut être décuplée lorsqu’ils sont animés par une certaine forme ou une intention particulière. Dans un moment de silence et de solitude, essayez de concevoir comment devaient être les pensées, les émotions, la volonté, le corps de Jésus, son rapport au prochain et plus généralement la stabilité de son âme pour pouvoir utiliser des mots comme « hypocrite » ou « race de vipères » … sans être pour autant chargé de mépris, du Raca ! (Mt 5.22).
Considéreriez vous mettre sur votre bouche un scellé concernant l’usage de certains mots, et ce jusqu’à avoir observé des signes notables de discipline au niveau de vos pensées, émotions, volonté, corps, rapport au prochain, âme ? Non pas que ces mots soient mauvais, mais simplement parce que leur force dépasse votre capacité à vous en servir (caractère) pour le bien en ce moment.
E. Parodi | Traduction/adaptation/contextualisation d’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006). Y.Parodi | Adaptations