Dans le cadre des relations sociales, le péché peut se traduire par deux formes de manque d’amour : l’attaque et le retrait. Si nous voulons que notre formation spirituelle en Christ réussisse, nous devons briser le pouvoir de l’attaque et du retrait jusqu’à ce qu’ils ne soient plus des réalités intrinsèques ou des postures automatiques que nous adoptons face aux autres. Nous devons également les briser jusqu’à désarmer leur effet sur nous-même. Ils doivent disparaître de notre environnement social (notre famille, nos collègues de travail ou de jeux, nos voisins), et surtout de la communauté des apprentis de Jésus.
Nous attaquons les autres lorsque nous allons à l’encontre de leur bien, même avec leur consentement. Les formes d’attaques les plus connues sont énoncées dans les six derniers commandements : le meurtre, l’adultère, le vol, etc. Nous nous retirons lorsque nous sommes indifférents au bien des autres, voire le méprisons. Bref, c’est quand « cela nous est égal ». Le retrait est bien souvent une forme d’attaque ; et l’attaque implique généralement une distance vis-à-vis de l’autre.
La formation spirituelle en Christ signifie de devenir le genre de personne qui n’attaquerait (et donc n’attaquera) pas autrui. Une attaque verbale (que les termes soient raffinés ou non, nous parlons ici d’une « remarque cinglante ») est spécifiquement élaborée pour blesser le destinataire et l’humilier à ses yeux et à ceux du monde. Beaucoup ne se relèvent pas d’une attaque verbale, d’un harcèlement ou d’une humiliation publique. La plupart du temps, cela se produit dans la prime jeunesse ou lorsque la personne attaquée est faible et à la merci de son bourreau. Notons néanmoins que le retrait blesse aussi. La langue peut attaquer rien qu’en ne parlant pas.
Lorsque l’attaque et le retrait sont éliminées, la dimension sociale de nos vies prend la forme prévue par Dieu : une constante ritournelle de bénédictions mutuelles. Chaque contact avec un être humain devrait être rempli de bonne volonté et de respect, avec une volonté de laisser de la place à l’autre, de la manière la plus judicieuse qui soit.
Peut-être connaissez-vous une personne avec la mauvaise habitude d’être sarcastique ou de lancer des remarques cinglantes, ou encore d’appuyer sur les raisons pour lesquelles votre tenue ne vous sied pas aujourd’hui. J’ai été ce genre de personne… Il y a quelques années, je me suis lancé ce défi : qu’arriverait-il si je priais pour une personne chaque fois que je la critique auprès de quelqu’un ou simplement dans mon esprit ?
Il y a eu plusieurs conséquences. Premièrement, cela m’a tellement ralenti que la critique est devenue quelque chose qui me volait mon temps. Dans ce mode plus lent, j’ai remarqué les failles de mes critiques. En priant pour la personne que je venais de critiquer, j’ai tellement expérimenté la repentance que j’ai commencé à me sentir nulle. J’ai détesté être la personne que j’étais devenue. Et si nous transformions tout ce temps passé en critique en temps de prière pour la personne en question et pour que Dieu change nos pensées – en nous apprenant à le louer pour les petites fleurs sauvages qui poussent entre les fentes du trottoir, par exemple ?
Entraînement
Imaginez que vous avez été engagé comme « ange détective » pour vous surveiller et analyser vos habitudes d’attaque et de retrait. Imaginez que votre supérieur vous pose des questions sur votre (vrai) vous : Est-il plus prompt à l’attaque ou au retrait ? Comment cela varie-t-il en fonction de son interlocuteur ? Quels sont les sentiments qui ont tendance à créer l’attaque ou le retrait ? Quand décide-t-il d’adopter le retrait pour continuer de faire bonne figure, ce qui serait impossible avec l’attaque ? Quelles sont ses expressions verbales préférées en matière d’attaque ou de retrait ? Enfin, quelle est l’origine de son besoin d’attaque ou de retrait (peur/insécurité, ressentiment, mépris, jalousie) ? Dressez un rapport préliminaire et efforcez-vous de le compléter dans la semaine.
En relisant votre rapport, visualisez-vous comme transporté dans le Psaume 23, verset 5. Vous êtes assis à une table spécialement apprêtée pour vous. En face de vous se trouve un ennemi ou deux (ceux qui rendent votre vie difficile), prêts à l’attaque (ou au retrait comme forme d’attaque). Imaginez maintenant Dieu qui point votre tête d’huile, manifestant par là-même l’importance particulière que vous avez à ses yeux. Remarquez votre coupe toujours pleine, vous vous sentez en sécurité et cet ennemi ne vous voit jamais comme incompétent. Si vous y arrivez, au lieu de l’attaquer, souriez à cet ennemi et bénissez le dans votre cœur.
E. Parodi | Traduction/adaptation/contextualisation d’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006).