Exhortation :
Parmi les sentiments qui nous animent, beaucoup sont destructeurs, tant pour les autres que pour nous. Jacques a d’ailleurs précisément adressé le sujet : « D’où viennent les conflits et d’où viennent les luttes parmi vous ? N’est-ce pas de vos passions qui combattent vos membres ? Vous désirez et vous ne possédez pas ; vous êtes meurtriers et jaloux […] là où il y a de la jalousie et un esprit de rivalité, il y a du désordre et toutes sortes de pratiques mauvaises. (Jacques 4.1-2 ; 3.16). Cela explique les comportements que l’on retrouve au sein du foyer ou de l’église. Néanmoins, il ne s’agit pas de se débarrasser uniquement des conflits, il nous faut confronter les sentiments sous-jacents.
Les sentiments sous-jacents sont des conditions établies qui se cachent derrière chaque sentiment. Par exemple, une personne peut vivre avec une condition sous-jacente de haine, mépris, empressement ou découragement, sans en exhiber publiquement les sentiments accompagnateurs. Nous pouvons réussir à maîtriser nos sentiments, et cependant toujours vivre cette condition. (A l’inverse, l’un peut vivre avec une condition sous-jacente de paix, sans ressentir les sentiments de paix). Il nous faut affronter les conditions sous-jacentes négatives de notre caractère.
Les sentiments peuvent s’infiltrer dans d’autres domaines de notre vie, lui donnant une toute autre couleur. Ils peuvent prendre le contrôle de notre corps tout entier et déterminer le cours de notre existence. C’est pourquoi il est parfois difficile de raisonner avec certaines personnes. Leur esprit est contrôlé par tel ou tel sentiment et doit leur obéir à tout prix. Tristement, certains n’arriveront jamais à se dépêtrer d’une telle condition.
Le seul moyen de « raisonner » avec nos sentiments et de les corriger en fonction de notre réalité est de prendre l’habitude (qui est avant tout une grâce divine qui nous est faite) d’écouter notre raison, même lorsque nous manifestons et sommes en proie à de violents sentiments. Ceux qui n’ont pas appris à identifier, à analyser et à prendre du recul peuvent être complètement aveuglés par leurs sentiments. A l’inverse, une personne sage s’assurera d’avoir déterminé un « chemin de raison » et s’y engagera régulièrement.
Nous pourrions nous féliciter d’avoir traversé une expérience troublante sans nous emporter et pourtant ne pas prendre en compte que cette propension à exploser est causée par notre condition sous-jacente de mépris pour certaines personnes et leurs idées. Nous pourrions rencontrer quelqu’un et penser qu’il ne sait pas vraiment de quoi il parle – ce qui n’est pas notre cas – et réussir à faire taire notre arrogance et notre attitude de « je-sais-tout », mais au prix de très grands efforts (sans compter que cela s’est peut-être de toute façon reflété dans notre langage corporel). Les conditions sous-jacentes de nos sentiments ne semblent pas poser problème parce que nous avons développé des moyens culturellement acceptables, voire des euphémismes pour les déguiser, comme celui-ci : « Je ne suis pas exigeant, juste prudent ! »
L’être humain, dans sa nature initiale, possède une attitude (une condition sous-jacente) de mépris. Il est important que nous écoutions attentivement nos schémas de pensées vis-à-vis de certaines personnes et que nous notions la manière dont nous nous adressons à elles ou parlons d’elles. Il nous faut faire particulièrement attention non seulement aux pensées qui se bousculent dans notre tête, mais également au ton de notre voix (tellement révélateur), ainsi qu’à notre posture et au mouvement de nos lèvres. Tous ces éléments peuvent être les symptômes de nos attitudes sous-jacentes. (Attention l’exercice n’est pas d’y prêter attention pour mieux les camoufler – modification superficielle du comportement – mais pour prendre conscience qu’un changement profond est à rechercher activement…)
Entraînement :
Semaine 2 : Reprendre l’entraînement de la semaine 1 et poursuivre :
Réfléchissez à ce que pourrait être votre (ou vos) condition(s) sous-jacente(s), par exemple l’empressement/agitation, l’agacement, le découragement ou le mépris. Essayez de mettre de la distance entre vous et cette condition pour mieux l’analyser. Quand cela a-t-il commencé ? Pourquoi êtes-vous aujourd’hui convaincu qu’il faut vivre à 100 à l’heure (ou dans le découragement ou en prenant les autres de haut) ? Quelle est la condition sous-jacente que Dieu vous invite à adopter à la place ? Réfléchissez en quoi cela vous simplifierait la vie (voir Matthieu 11.30).
Selon-vous, quelles seraient les disciplines spirituelles adaptées pour se mettre en position de changement concernant ces conditions sous-jacentes ?
D’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006).
Traduction : E. Parodi | Adaptation/contextualisation : Y. Parodi