La formation spirituelle qui nous renouvelle à l’image de Christ est le procédé par lequel notre être intérieur se transforme jusqu’à intégrer le caractère de l’être intérieur de Jésus lui-même. L’une des conséquences de ce processus est d’observer la vie « extérieure » de l’individu à se colorer de plus en plus de la réalité intérieure de Jésus et de ses enseignements. Petit à petit, nous devenons ce que Jésus dit et fait.
Or, pour que cela ait lieu, notre corps doit être de plus en plus enclin à faire ce qui est bon et à s’abstenir du mal. Nos tendances à faire le mal intégrées dans nos membres doivent être éliminées. Ainsi, le corps deviendra un allié précieux dans notre transformation spirituelle.
Si nous ne nous débarrassons pas de ces tendances, nous ne pourrons jamais contrôler la partie de notre caractère qui vit au travers de notre corps. Jacques décrit l’incroyable pouvoir de la langue sur l’ensemble du corps. En fait, c’est certainement elle que nous aurons le plus de mal à soumettre à la bonté et à la justice. Personne ne peut la dompter. La violence physique est presque toujours précédée par la violence verbale (voir Jacques 3.5-6).
Ce n’est que lorsque nous soumettrons notre langue à la grâce de Dieu et que nous ferons en sorte qu’elle devienne un instrument pour faire sa volonté que la grâce viendra l’habiter et la gouverner. Alors, cela aura un impact sur le corps tout entier.
Pour refléter Christ, nous devons reprogrammer et nourrir correctement notre corps. Lorsque notre cœur (volonté, esprit) se renouvelle en Dieu, les vieux « programmes » continuent néanmoins de tourner dans notre corps. « Le péché habite en moi, dans ma nature propre » (paraphrase de Romains 7.18). Mais lorsque la loi ou la force de l’esprit de vie qui se trouve en Jésus-Christ est réellement présente notre corps, il nous est offert un moyen de nous libérer de la force du péché intégrée dans nos membres (Romains 7.23). Dès lors, notre corps se transforme au point de jouer un rôle prépondérant dans la source cachée d’où proviennent nos vies.
Nous pourrions nous demander : « Mais pourquoi le corps ne change-t-il pas automatiquement ses habitudes dès que le cœur est touché ? » Si la transformation du cœur est primordiale, elle n’entraine pas tout de suite de changement extérieur. Il nous faut travailler simultanément sur les deux tableaux, car l’un entraine les progrès de l’autre. Tandis que nous veillons sur notre cœur et que nous le réajustons, il nous faut en même temps nous confronter aux habitudes intégrées du corps. Nous apprenons donc à notre corps à « faire semblant jusqu’à y arriver » (Fake it till you make it) pour l’aider à se comporter selon la reprogrammation du cœur. Bien sûr, cela doit rester temporaire, vivre ainsi nous épuiserait et serait à la source de bien des problèmes au niveau du cœur. Pendant que je laisse mon cœur être transformé en apprenant à prier pour le collègue qui m’irrite, je demande à Dieu de m’apprendre à lui sourire régulièrement. Ainsi, je serai surpris de voir combien ce sourire aide mon cœur à s’adapter.
Entraînement :
I) Pendant les deux dernières semaines, nous avons récité une prière de soumission. La soumission est une discipline spirituelle qui met notre volonté « à la merci » d’une autre volonté. Dans le cas où cette autre volonté est celle de Dieu, notre « esclavage » peut être expérimenté comme une libération. Une libération à l’égard des choses qui nous polluent. Non, je ne suis pas obligé de faire (volonté) ce que mes émotions me poussent à faire car j’ai fait le choix (volonté) de me soumettre à la direction de Dieu, soit directement, soit indirectement en passant par un frère ou une sœur. Ne nous leurrons pas en pensant qu’en tant que chrétien nous avons soumis notre volonté à Dieu pour toute chose en lui « donnant notre cœur » le jour où nous nous sommes engagés dans le baptême ; la réalité est bien plus complexe. La soumission est un exercice qui doit se pratiquer de manière intentionnelle et focalisée. La beauté de la chose n’est pas tant l’exercice que l’on se donne mais le fait de s’y engager avec Jésus, se rappelant sans cesse que lui aussi a dû apprendre l’obéissance. (Hébreux 5.8)
Au niveau du corps, la soumission commence par une chose primordiale : le sommeil. Au delà de la fatigue accumulée qui est un problème en soi, il faut comprendre que c’est essentiellement pendant le sommeil que le corps se programme. (Vous vous rappelez ces conseils donnés aux étudiants de réviser juste avant de dormir afin que les choses apprises se figent dans la mémoire ? ) Lorsque l’on est chrétien, dormir revient à se soumettre au mécanisme que Dieu a mis en place pour le changement.
Un bref aparté… Les pensées et émotions d’un citoyen lambda de la culture occidentale sont très souvent stimulées avant de dormir. Il n’y a pas de secret, ce sont souvent les choses que nous faisons avant de dormir qui participeront le plus, positivement ou négativement, à notre changement.
En pratique,
Cette semaine, efforcez-vous, au moins 3 jours d’affilée, d’aller vous coucher plus tôt pour tenter d’augmenter votre temps de sommeil, sachant qu’il y a plus à gagner à se coucher plus tôt que se lever plus tard. (Je dis bien tenter car peut-être qu’il sera difficile pour certains d’enchainer de longues heures de sommeil… néanmoins, la discipline de se coucher plus tôt sera profitable comme acte de soumission.)
Au moment de dormir, répétez à nouveau cette prière de soumission :
Seigneur, toi le Fils, tu as ouvert un chemin nouveau.
En prenant possession d’un corps, tu as pris toute la fragilité de mon humanité.
Dans ce corps, tu as appris l’obéissance, dans la vie et dans la mort.
Ce corps est vraiment mort pour nos péchés, ce corps est vraiment ressuscité, ce corps est vraiment remonté auprès du Père.
C’est avec ce corps que tu intercèdes en ma faveur, maintenant.
Montre-moi comment offrir mon corps individuel en sacrifice vivant afin que Dieu règne en moi.
Montre-nous tous comment nous pouvons offrir nos corps comme un culte raisonnable afin que Dieu règne en nous.
Seigneur, fais-moi comprendre qu’avec et depuis ce corps tu nous appelles à régner, et que tu dois d’abord régner sur chacun de nous.
Seigneur, Jésus, que mon corps te soit soumis ; oui, règne en moi !
II) Egalement, cette semaine, focalisez-vous sur l’un des mouvements de votre corps qui ne reflète pas l’amour, la joie et la paix en Jésus. Ne commencez pas par quelque chose de très difficile. Attaquez vous, par exemple, à cette habitude de taper du pied lorsque vous êtes impatient ou autre chose de caractéristique.
Réfléchissez à ce que vous pourriez faire à la place. Peut-être pourriez-vous simplement vous mettre debout, les mains derrière le dos : cette position dénoterait une position d’humilité de cœur.
Ensuite, redirigez vos pensées (et votre cœur), par exemple en priant le Psaume 23. Même si, théoriquement, vous « faites semblant », vous pouvez être authentiquement honnête : « Je pars du principe que toi, Dieu, tu es vraiment mon berger, que tu me donnes tout ce dont j’ai besoin, même si je ne comprends rien à ce qui se passe. » Imaginez ce mouton paisible couché dans l’herbe verte, qui ne s’inquiète de rien – cette image est très forte lorsque vous vous retrouvez bloqué à un feu rouge tandis que votre enfant vous attend dans le froid, lorsque vous êtes couchés dans un lit d’hôpital sans savoir quand l’infirmière reviendra avec les anti-douleurs, ou lorsque vous êtes coincé à la caisse à vous demander pourquoi tout le monde fait ses courses en même temps.