Exhortation
La transformation de la volonté (du cœur, de l’esprit) et finalement, du caractère, fait partie de la formation spirituelle. Si les pensées et les sentiments (module 1 & 2) dépendent de la volonté (les choix), la volonté dépend quant à elle du contenu des pensées et des sentiments. Tout est intriqué et interdépendant.
Notre caractère est la structure interne de notre moi, laquelle se révèle au travers de nos schémas de comportement automatiques. Nos actions sont le fruit direct de notre caractère. C’est pourquoi les historiques bancaires, les CV et les lettres de référence décrivent bien plus que les pensées, les sentiments et les tendances à l’origine de nos habitudes : ils révèlent également nos actions futures.
Pourtant, on peut changer de caractère. Car c’est bien là l’objectif de la formation spirituelle à l’image de Christ. Imaginons que je blesse quelqu’un (un proche, par exemple) en parlant et en agissant sous l’effet de la colère, Je peux être pris de remords et me demander si je désire vraiment devenir le genre de personne qui agit de la sorte. Si je ne veux pas poursuivre avec ce caractère, il me faudra irrémédiablement changer de pensées et de sentiments (module 1 & 2). Or, rien ne changera si je promets juste de ne plus recommencer. La volonté seule ne produit aucun changement. Cependant, en travaillant d’abord sur les pensées et les sentiments, je peux faire en sorte que ma volonté me transforme jusqu’à devenir le genre de personne qui agit différemment.
Pour changer, je dois avoir accès à d’autres pensées et sentiments qui me permettent de choisir de changer les pensées et les sentiments à la base de la colère. En faisant ce choix, je « me tourne vers Dieu et fais confiance au Seigneur Jésus-Christ » (Actes 20.21). Mon esprit et ma volonté doivent être transformés en interaction avec les pensées et les sentiments qui viennent de la Parole et de l’Esprit de Dieu.
Mais alors, me demanderiez-vous, à quoi ressemble une volonté/un cœur transformé à l’image de Christ ? A un cœur joyeusement dévoué à Dieu, et à Dieu seul, qui se tient à Son service et au service des autres, à cause de Lui. Ce résultat obtenu par le biais de la formation spirituelle ne peut cependant être considéré comme notre nouveau caractère que lorsque celui-ci est profondément ancré dans notre corps, lorsque celui-ci gouverne nos réponses dans toutes les dimensions de notre être. Alors, nous aurons « revêtu Christ » (Galates 3.27).
Le caractère, c’est ce que je ressens ou ce que je fais sans réfléchir. Nous disons : « Oh, mince, ce n’est pas ce que je voulais dire », alors qu’en réalité, il y a bien quelque chose en nous qui voulait dire cela. Mon vrai caractère « fuite » au naturel, lorsque je n’essaie pas d’impressionner quelqu’un ou que je ne cherche pas consciemment la meilleure façon d’agir pour montrer que je reflète Christ. Lorsque quelqu’un me fait une queue de poisson sur l’autoroute, mon vrai caractère se révèle selon que je m’exclame : « Espèce de taré ! » ou « Que Dieu te bénisse ! » (ou la version intermédiaire : « Je prierai pour toi, tu en as bien besoin ! »). Lorsque nous « revêtons Christ », nous aimons les gens sans faire d’efforts. La compassion est alors intégrée au corps et n’est plus calculée.
Je me dis que Jésus devait sembler bien bizarre aux yeux de ses disciples. Leurs réflexes étaient si différents de ceux de leur Maître ! Regardons le contraste : ignorer les enfants afin de passer aux affaires importantes plutôt que de faire de la bénédiction des enfants une affaire importante (Matthieu 19.13-15) ; envoyer les gens s’acheter à manger plutôt que de compter sur la créativité de Dieu pour nourrir une foule (Matthieu 14.15-21) ; se disputer sur qui prendra les choses en main à l’avenir plutôt que simplement servir les personnes en face de nous (Matthieu 20.20-28) ; se dépêcher de guérir le proche d’une personne importante plutôt que de s’arrêter pour parler à une femme qui a déjà trouvé comment être guérie par Jésus, mais qui a besoin de son regard compréhensif (Matthieu 9.18-22) ; s’enfuir avec des Juifs helléniques pour échapper à la persécution des pharisiens plutôt que de rester à Jérusalem et affronter la mort (Jean 12.20-33). Si j’avais été l’un des disciples de Jésus, je lui aurais fait les grands yeux plus d’une fois. Ce style de vie tourné vers les gens et orienté vers un but précis, si naturel pour lui, m’aurait déstabilisé… mais il m’aurait aussi intrigué.
Entraînement
Réfléchissez à ce que vous admirez le plus chez Jésus. Dans les deux premiers modules, nous avons pris du temps dans un évangile pour observer Jésus. Nous pouvons également faire cela et regarder comment sa volonté s’est manifestée et même comment il a fait évoluer sa volonté pour l’aligner pleinement à celle de Dieu (exemple : passage au désert et dans le jardin de Gethsémané ; passages particulièrement précieux pour nos pratiques)
Prenez du temps à admirer le caractère de Jésus et à le désirer pour vous-même.
En pratique, pour faire cela, après un temps de silence et de solitude, dites à Jésus pourquoi vous appréciez cette qualité chez lui. Demandez-lui de vous montrer à quoi ressemblerait une réalité dans laquelle vous laisseriez Dieu faire sa demeure en vous (Jean 14.23) au point que ce caractère souhaité devienne naturel chez vous. Demandez-lui de vous aider à devenir plus intentionnel dans votre recherche d’un cœur renouvelé.
D’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006).
Traduction : E. Parodi | Adaptation/contextualisation : Y. Parodi