Les émotions (3/6) | La puissance de l’humeur

Les émotions (3/6) | La puissance de l’humeur

Exhortation

A l’heure actuelle, les sentiments exercent un contrôle quasi-total sur l’individu. Nous prenons nos décisions sur base de nos ressentis. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, la vie des occidentaux est particulièrement sujette à l’immoralité et aux addictions. Les gens sont écrasés sous le poids de décisions qu’ils ne peuvent prendre qu’en fonction de leurs sentiments.

Dès lors, nous n’arrivons plus à distinguer sentiments et volonté, sentiments et raison. Nous manquons de contrôle, c’est-à-dire que nous sommes incapables de rester fermes et constants et de garder le cap dans la réalisation de nos décisions, même lorsque « nous n’avons pas envie ». Sans maitrise (ou self control), nous errons sans but dans la vie, notre survie étant assurée par des comportements addictifs

Les idées et les images (voir module sur les pensées 2/6 et 3/6) favorisent et entretiennent les sentiments. Le désespoir et le rejet se nourrissent d’images – souvent une scène spécifique de méchanceté, de brutalité ou d’abus. Elles nous reviennent constamment à l’esprit, négatives et créatrices d’idées morbides qui prennent le pas sur notre façon de penser. De telles images cultivent les humeurs qui nous submergent et teintent tout ce qui nous entoure.

La solution ne se trouve pas dans le déni et la répression de sentiments destructeurs. Au contraire, les sentiments peuvent être transformés par une vie de disciple de Jésus, la puissance de l’Evangile et le Saint-Esprit. Ainsi, ces idées et images négatives sont échangées pour d’autres, positives. La bonne façon de fonctionner est de remplacer les sentiments destructeurs ou de les subordonner (comme c’est le cas pour la colère et le désir sexuel, par exemple) de sorte à les rendre constructifs. Nous n’essayons pas spécialement de nous débarrasser de ces sentiments destructeurs, car ils seront de toute façon éliminés au fur et à mesure que nous vivrons la première étape : avancer vers l’amour, la joie et la paix, dans la foi et l’espérance en Dieu.

Alors, nous expérimenterons des sentiments et des humeurs reflétant la confiance, l’acceptation, l’appartenance, le sens de la vie, l’amour, l’espérance, la joie et la paix. Être « accepté dans le bien-aimé » (Ep. 1.6), voilà la fondation indispensable dont tout humain a besoin pour reconstruire tous ces sentiments et ces humeurs positives, ainsi que leurs conditions sous-jacentes.

Si nous avons l’impression que nos sentiments nous dépassent (comme si un énorme croque-mitaine s’apprêtait à nous sauter dessus), c’est parce que nous les nourrissons avec des idées et des pensées que nous choisissons de cultiver, notamment en les ressassant encore et encore dans notre esprit. Si notre plus grande liberté est de choisir là où nous appliquons nos pensées (voir module sur les pensées 1/6 : ), je peux chercher à savoir quelles sont les idées et les images auxquelles je donne priorité.

Par exemple, j’ai toujours été un enfant paresseux. Aujourd’hui, j’ai parfois du mal à rester assis à mon bureau. Même si je suis toujours fidèle au poste, je suis en lutte constante avec ces sentiments de paresse. Quelles idées et images peuvent-elles en être la cause ? L’une des raisons est que je vis dans une culture qui ne valorise pas le travail, mais essaie au contraire de l’éviter. Je connais énormément de personnes qui aimeraient gagner au loto afin de partir tout de suite à la retraite. Ou bien, lorsque le travail est valorisé, c’est uniquement comme moyen de productivité, de réalisation personnelle ou de bonne réputation. Dans un sens, j’ai assimilé l’idée que le travail est mauvais et que je dois le réaliser au plus vite. Mais d’un autre côté, j’adore mon boulot. Lorsque je commence, je n’ai plus envie de m’arrêter. A n’y rien comprendre !

Je peux remplacer mon image de base par celle d’amis plus âgés qui aiment tout simplement travailler dur et être utiles. Leur labeur est fructueux et réalisé avec joie et résulte généralement en de très belle choses, comme une porte de grange ou un dessert féérique.

Entraînement

Identifiez un sentiment qui vous mine, dont vous aimeriez vous débarrasser. Prenez le temps d’en parler à Dieu, vous pouvez également l’écrire dans un journal de bord. Demandez à Dieu de vous révéler les idées et les images que vous refusez de lâcher (peut-être inconsciemment). Dans le silence et la solitude, demandez à Dieu quels nouveaux sentiments vous pourriez adopter (par exemple, amour, joie, paix, confiance ou espérance). Enfin, réfléchissez aux idées et aux images relatives à ces nouveaux sentiments.

Les entrainements proposés, comme cette démarche d’analyse des émotions, sont à prendre comme des expériences. Ils ne sont pas suffisants pour se mettre en position pour changer. Un travail en profondeur de plusieurs heures à cultiver d’autres pensées sera à poursuivre. Cela implique, en pratique, des changements radicaux au niveau des informations (quantité et nature) qui entrent en nous tous les jours (module sur les pensées 4/6). Les disciplines spirituelles de renoncement : silence, solitude et de jeûnes ainsi que celles d’engagement : prière, adoration, service sont de bons outils pour chercher cette radicalité dans le changement lorsqu’elles sont planifiées intentionnellement. Sans cela, ces entraînements ne resteront que des informations supplémentaires.

D’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006).
Traduction : E. Parodi | Adaptation/contextualisation : Y. Parodi