Lorsque nos choix se transforment en traits de caractère, ils passent sous la responsabilité de notre corps en devenant plus ou moins automatique, nous évitant d’y penser. Cependant, vu que nous nous évoluons dans un monde où règnent l’injustice et le mal, le corps peut agir méchamment avant que nous n’ayons eu le temps de réfléchir. Par ailleurs, Paul affirme en Romains 7.23 que les réflexes du péché sont inscrits dans nos membres. Ils peuvent dès lors contrecarrer ou précéder la réelle intention de notre esprit. Les seules bonnes intentions n’assurent pas un comportement adéquat. Jésus souligne ce propos en disant : « L’esprit est bien disposé, mais la chair est faible » (Matthieu 26.41). Dans cet état, le corps donne ses ordres à l’âme (notre centre exécutif), laquelle commande les pensées et les sentiments, puis notre esprit/volonté, et enfin notre relation à Dieu. Inversement, la « vie d’en haut » coule dans l’autre sens : de Dieu vers notre esprit/volonté, puis vers nos pensées et nos sentiments, notre âme, et enfin notre corps et son contexte social.
Le premier enchaînement (dans lequel le corps est maître de tout) caractérise ce que Paul décrit comme « affection de la chair », qui est « affection de l’esprit » ; le second réfère à « une focalisation sur le spirituel » qui est « la vie et la paix » (Romains 8.6). La « chair » fait allusion aux possibilités et compétences humaines naturelles. Pour l’individu qui s’écarte de Dieu, la chair devient, en pratique, le corps. Si le corps devient notre centre d’intérêt principal, nous ne pourrons pas satisfaire Dieu, et nous assurons la futilité totale de nos vies. « Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s’affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l’esprit s’affectionnent aux choses de l’esprit. Et l’affection de la chair, c’est la mort, tandis que l’affection de l’esprit, c’est la vie et la paix ; car l’affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas » (Romains 8.5-7). La volonté (l’esprit), cette minuscule puissance, est à la merci de forces incommensurables.
N’êtes-vous jamais sorti d’une situation en vous demandant pourquoi vous aviez dit certaines choses ? Dans un sens, vous vous êtes « laissé emporter. » Comme si le corps avait agi de lui-même, et c’est en fait ce qui s’est réellement passé. Le péché réside dans nos membres – notre langue, même nos mains. Nos paroles et gestes automatiques peuvent apporter la mort ou la vie.
Nous nous en rendons compte lorsque nous tentons de briser certains comportements. Par exemple, les personnes qui ont l’habitude d’interrompre leur interlocuteur ont du mal à mettre fin à cette habitude. Sans s’en rendre compte, ils ont entrainé leur corps, plus spécifiquement leur bouche, à exprimer leurs pensées sans prendre attention aux paroles d’autrui. Ils s’imposent régulièrement dans les conversations.
C’est là qu’interviennent les disciplines spirituelles. Par exemple, la discipline de silence, spécialement la mini-discipline de laisser les autres avoir le dernier mot (sans essayer de prendre le dessus ou de vous défendre), apprend à votre corps à se reposer, à écouter les gens et à les apprécier lorsqu’ils parlent. Vous pourriez la coupler à la discipline de prière, en priant pour votre interlocuteur pendant qu’il parle.
Défi pratique :
Observez les habitudes de votre corps : celles de ne pas regarder les gens quand ils vous parlent, les interrompre (si pas à haute voix, dans votre tête), ou de regarder autour de vous lorsque quelqu’un parle, ou de vous refermer lorsque certaines personnes s’adressent à vous.
Lors de vos prochaines conversations, analysez les gestes que vous faites avec vos doigts lorsque quelque la personne vous agace ou que vous voulez faire entendre votre argument.
Réfléchissez aux différentes qualités intérieures qui sont en vous (patience, contentement, …) ? Sont-elles développées au point de contrôler votre corps ? Si vous deviez utiliser votre corps pour aimer Dieu et les autres comme vous-même, de quel genre de reprogrammation ces différentes qualités auraient-elles besoin ?
Lectures proposées :
Continuez la lecture d’un Evangile.
D’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006).
Traduction : E. Parodi | Adaptation/contextualisation : Y. Parodi