Lorsque nous réorganisons notre personnalité en fonction de Dieu et de la vie éternelle, la mort à nous-mêmes devient notre disposition par défaut. Dans un premier temps, il nous faudra redoubler d’efforts conscients pour ne pas céder au désir de faire ce que nous voulons quand nous le voulons. Nous devrons également laisser la grâce divine nous guider et nous fortifier. Le recours sage et constant aux disciplines spirituelles sera inévitable. Pourquoi ? Parce que notre nature profonde, façonnée dans un monde qui ne recherche pas Dieu, est prompte à aller à l’encontre de ce que nous enseigne la formation spirituelle.
Lorsque nous mourrons à nous-mêmes, nous ne serons plus surpris ou blessés de ne pas avoir ce que nous voulons. Nous ne serons même plus en proie aux frustrations les plus communes : luttes des classes, humiliations verbales, mal-être physique. Certes, nous ne serons pas indifférents aux rebuffades, mais elles ne pourront plus nous dominer. Si l’abnégation (voir défi 14) a commencé à faire son travail, nous ne serons plus dominés par les événements extérieurs, nos sentiments n’en seront pas troublés, notre esprit restera apaisé. Dans un langage imagé, Saint François d’Assise nous appelle à :
Porter le monde comme un vêtement ample , un vêtement qui ne nous colle pas à la peau, mais qui nous touche doucement, de temps à d’autres.
Saint François d’Assise
Les apprentis de Jésus savent que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8.28). Plus besoin de nous préoccuper pour nos vies : nous ne sommes plus aux commandes, Dieu l’est. Nous n’aurons plus qu’à nous inquiéter de ce qui est réellement nécessaire. Plus besoin de nous poser des questions sur des choses qui n’ont que des effets négatifs sur nos désirs et nos sentiments. Nous aurons tout le champ libre pour servir Dieu et les autres, ainsi que pour faire le bien.
Bien sûr, il nous arrivera encore d’être affecté par l’une ou l’autre chose, mais plus rien ne dominera nos actions et nos vies. Lorsque j’étais ado, et jusqu’à presque 30 ans, mon existence était déterminée par ce que les autres pensaient et disaient de moi. Je voulais que l’on parle bien de moi. Avec le temps et par la grâce de Dieu, j’ai été délivrée de nombreuses « chaînes » (mais pas toutes) lorsque j’ai commencé à méditer les Ecritures et à étudier plusieurs sujets, lorsque je me suis mise à pratiquer la solitude et la prière, lorsque j’ai décidé de servir les autres, et lorsque j’ai analysé mon vécu pour y trouver les traces de la grâce divine dans mon cœur et dans mon âme. Peut-être que la vanité ne m’étouffe plus aujourd’hui (je laisse d’autres personnes en juger), mais je la ressens encore régulièrement. Je sais surtout que c’est un trait de caractère qui peut contrôler mes sentiments et mon caractère si je n’y prends pas garde.
Lorsque vous demandez à Dieu de vous montrer ce que signifie « la mort à vous-mêmes », pensez à recourir aux disciplines de service, de silence, de prière et de méditation. Servez ceux qui sont peu enclins à vous remercier et faites-le par amour pour Dieu. De cette manière, vous reprogrammerez ce désir en vous d’être reconnu et apprécié pour vos bonnes actions. La discipline du silence nous apprend, par exemple, à ne pas donner notre avis sur tout, notamment lorsque personne ne nous l’a demandé. Si vous êtes responsables d’un groupe de discussion, par exemple, vous apprendrez à faire taire cette petite voix qui vous souffle que vous avez des choses très importantes à communiquer. Au lieu de parler, priez ! Enfin, méditez sur des passages comme le Psaume 23 ou Matthieu 6.9-3 qui nous préparent au repos tandis que nous pratiquons les autres disciplines.
Défi pratique
Prenez le temps de calmer vos pensées et méditez sur les versets 4 à 6 du Psaume 23.
Maintenant que je commence à croire que le Seigneur est mon Berger, peut-être les zones sombres de ma vie m’angoissent-elles moins ? Peut-être que, parfois, je n’ai même plus peur. Je vois la main de Dieu qui me guide et me rassure dans chaque détail de ma vie (v.4). Dans ces moments d’angoisse où je fais face à ceux qui s’opposent à moi, à ceux qui ne m’aiment pas, voir à ceux qui m’agacent, je sens le Seigneur à mes côtés. Il me couvre de son amour et pourvoit à tous mes besoins. En fait, Il me donne même plus que ce qu’il n’en faut. Je peux même offrir de ce surplus à mes ennemis (v.5). Chaque jour, je découvre la bonté et l’amour dans les endroits le plus inhabituels. Serait-ce parce que j’ai cessé d’exiger et d’attendre que les autres répondent à mes actions ? La présence constante de Christ me satisfait. Quel que soit son plan, je veux en faire partie.
Lectures proposées
- Psaume 23.4-6 (mémorisation + méditation)
- Matthieu 6.11-13 (mémorisation + méditation)
Quelques questions guides :
Est-ce que je dépends de Dieu pour mon pain de ce jour ? Il est aisé de comprendre le pain comme les besoins en nourriture pour mon corps mais qu’en est-il des autres dimensions de mon être ? Est-ce que je demande, pour aujourd’hui, d’être nourri/satisfait/rassasié dans ces domaines-là, par Dieu. Est-ce que « ma coupe déborde » ? Ou est-ce que j’en suis avec le pardon ? Quel est mon rapport à mes ennemis ? Dois-je confesser du mépris et de l’amertume ? Est-ce que je décide dès le matin que le bonheur et la grâce vont m’accompagner ?
D’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006).
Traduction : E. Parodi | Adaptation/contextualisation : Y. Parodi