Une âme corrompue est une âme perdue. De quoi s’agit-il au juste ? Parle-t-on d’une personne contre laquelle Dieu est en colère ? Théologiquement, lorsqu’on se perd, la finalité c’est l’enfer – ça n’a pas l’air très sympathique. En tout cas, si vous êtes perdu, il y a peu de chances que vous arriviez là où vous comptiez vous rendre. Notons toutefois qu’être perdu est une condition de l’âme qui n’aboutit pas nécessairement à cette finalité de l’enfer. Nous ne sommes pas perdus parce que nous partons dans une mauvaise direction. Nous arrivons au mauvais endroit parce que nous sommes perdus.
Le Nouveau Testament parle souvent de la géhenne comme du lieu des perdus, un peu comme la décharge où finit tout ce qui est inutile dans ce monde. Réfléchissez à ce que cela peut vouloir dire de devenir totalement inutile. Lorsque vous perdez vos clés de voiture, elles ne vous servent à rien. Lorsque nous sommes perdus pour Dieu, nous naviguons là où nous ne devrions pas et nous ne faisons pas partie de sa vie. Nous sommes nos propres dieux, et ils ne valent pas grand-chose. Être perdu, c’est être obsédé par soi-même, se prendre pour Dieu. Nous pensons réellement être au contrôle de nos vies, même si, pour ce faire, nous devons nous incliner devant telle personne ou telle puissance. Mais nous sommes au contrôle (ou c’est ce que nous croyons) et nous ne faisons pas confiance au vrai Dieu. Lorsque nous nous adorons nous-mêmes, nous jetons un autre regard sur l’univers. Chacun devient son propre dieu. Bien sûr, personne ne choisit consciemment d’aller en enfer ou de devenir le genre de personne qui devrait y être. Mais en nous focalisant sur nous-même, nous devenons des individus qui n’ont pas d’autre choix que de rester loin de Dieu. Au bout du compte, nous préférerons l’enfer, là où nous pouvons continuer d’agir comme nous le faisons actuellement, plutôt que la présence de Dieu, où nous devrons nous rendre humble et accepter qui Il est vraiment.
Désirons-nous vraiment vivre dans un monde imprégné de Dieu, cherchons-nous à le connaitre ? Si pas, nous pouvons être sûrs que Dieu ne nous appellera pas auprès de lui. Nous deviendrons alors des personnes qui chercherons à tout prix à être appréciées, nous renierons tellement Dieu que nous ne pourrons plus le désirer. Nous ne pourrons pas vouloir que Dieu soit Dieu. Parce qu’accepter que Dieu soit Dieu est bien différent de demander à Dieu de nous aider.
L’âme perdue n’est pas celle qui se trombe sur une doctrine ou l’autre et qui échouerait à un examen théologique à la fin de sa vie. Personne ne rate son entrée au ciel parce qu’il lui manquerait des bons points mais parce qu’il aurait tout fait pour éviter Dieu.
Le centurion de Capernaüm avait toutes les raisons de ne compter que sur lui-même – et donc de voir son âme se perdre. Il vient à Jésus en lui demandant de soigner son serviteur en proie à d’atroces souffrances. Jésus accepte, mais le centurion lui fait tellement confiance qu’il lui répond : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; mais dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri » (Matthieu 8.8). Au grand étonnement des Juifs qui l’écoutaient, Jésus félicite ce païen en s’exclamant qu’Il n’a pas trouvé une aussi grande foi en Israël. Puis, il commence une courte description du ciel et de l’enfer. Il retourne leurs précieuses croyances en proclamant que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident (il s’agit des païens !) pour le banquet du royaume de Dieu. A l’inverse, les fils du royaume (les Juifs qui comptaient sur leur identité juive pour entrer dans le royaume) seront « jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Matthieu 8.11-12). C’est comme si Jésus leur avait dit : « Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être. Je suis la clé, c’est la confiance/foi en moi que vous devez avoir. »
Défi pratique
Vous l’aurez compris, le remède à une vie perdue est la foi. Une foi, non pas sans direction et abstraite, mais orientée et concrète. Premièrement, elle est orientée car elle cible Jésus l’objet de notre foi et non l’univers en général. Deuxièmement, elle est concrète car Jésus nous assure de sa présence : il est vivant. Concrète aussi car Jésus nous à enseigner comment marcher pratiquement dans ce monde. Proclamer que Jésus est le seul chemin et ne pas marcher dans la confiance en lui, au quotidien et dans tous les domaines de la vie, est contradictoire. Vouloir éviter l’enfer, le lieu de l’inutilité commence maintenant en faisant la chasse à nos paresses spirituelles, pour laisser jaillir la vie de Dieu.
Regardons comment l’exemple du centurion qui place toute sa confiance en Jésus fait ressortir la réalité des âmes qui se perdent. En lisant Matthieu 8.5-13, mettez-vous à la place d’un disciple qui observe la scène. Remarquez la facilité avec laquelle Jésus s’adresse à un centurion romain (un païen). Imaginez-vous révolté par le compliment que Jésus lui fait par rapport à sa foi.
Ensuite, relisez le passage. Cette fois, mettez-vous à la place du centurion. Qu’est-ce que ça voudrait dire d’avoir autant confiance en Dieu ? Demandez à Dieu de vous montrer à quoi vous ressembleriez si vous aviez la même confiance que lui.
Lectures proposées
- Matthieu 8.5-13
- Matthieu 13.31-50
- Psaumes 27.1-26 (discipline d’adoration)
- Verset par verset … est-ce que j’y crois ? est-ce que je veux y croire ?.. Alors je le proclame à haute voix dans le lieu secret.
D’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006).
Traduction : E. Parodi | Adaptation/contextualisation : Y. Parodi