Le livre des Proverbes nous dit que la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, et que l’intelligence consiste en la connaissance du Dieu saint (Proverbes 9.10). Dans le langage biblique, le terme « connaissance » va au-delà de la connaissance intellectuelle, il implique une expérience vécue. Ainsi, lorsque Jésus annonce que « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé » (Jean 17.3), Il parle d’une interaction intime et constante avec le Dieu trinitaire. Jésus fait entrer la grâce dans la vie de ceux qui le cherchent et le trouvent.
Lorsque nous laissons les liens de notre relation avec Dieu se distendre peu à peu, notre vie commence à ressembler à celle de ceux qui nous entourent. Le premier commandement traite de notre inclination à nous écarter de Dieu (Exode 20.2-3). La personne de Dieu offense la fierté humaine. Si Dieu dirige l’univers et a tous les droits sur nos vies, cela veut dire que nous ne sommes pas les maîtres à bord et que nous ne pouvons pas faire tout ce qui nous plaît. Chez celui qui ne vit pas honnêtement et en constante interaction avec Dieu, le corps devient la première source de plaisir… mais également de crainte, de torture et de mort. « L’amour libre » (qui, soit dit en passant, est un euphémisme faux) et les diverses formes de perversion ne sont que le prolongement du culte du corps (Romains 1.26-27). Or, cette sensualité ne peut être pleinement satisfaite. Notamment parce qu’elle résulte en un amoindrissement des sentiments, éveillant chez nous le besoin vital de ressentir. En réalité, nous devons expérimenter les sentiments, dans toute leur profondeur, et ce de manière prolongée. Si nous manquons de prendre part à la quête de la bonté dans le royaume de Dieu, il ne nous reste plus que la sensualité par le corps.
Le besoin d’auto-gratification mène à une existence sans tabous, où nos actes n’ont plus aucune conséquence. Le « Pourquoi ? » laisse la place au « Pourquoi pas ? » et parce qu’Il ne veut pas s’opposer à ces « dieux », le vrai Dieu laisse les hommes à leur intelligence déréglée. On pourrait paraphraser le verset de Romains 1.28 comme suit : « Comme ils n’ont pas jugé bon de diriger leur connaissance sur Dieu, Dieu les a livrés aux mains de leur intelligence dysfonctionnelle pour faire ce qui est indécent. » Ces comportements, s’ils ne sont pas conventionnellement approuvés, seront excusés voire justifiés par de savantes manœuvres psychologiques, légales ou morales. Historiquement, cet état de pensée indique toujours la décadence d’une société.
Le schéma est simple. Ce genre de société se met à croire qu’elle est à l’origine de son succès et de sa prospérité et commence à se féliciter et à se rebeller contre les principes et les pratiques qui lui ont permis de se développer sous la main de Dieu. En réalité, on peut distinguer en trame de fond le mal radical présent dans le cœur humain. Un cœur qui voudrait être Dieu à la place de Dieu.
Il y a des traces de cette décadence au fond de chacun de nous. Il nous faut apprendre à la révéler à la lumière de l’Esprit de Christ.
Si je m’installe confortablement sur mon canapé dans la perspective de lire un passage biblique, il y a peu de chance que je me tourne vers les dix commandements. Néanmoins, j’ai appris à les aborder différemment depuis que j’ai découvert la prière des quatre brins tressés de Martin Luther. Luther priait chaque verset sur quatre niveaux.
- Premier brin : demander à Dieu de nous aider à appliquer le verset pour nous-même, dans autant de domaines que possible. Notez qu’il s’agit d’une prière, pas d’une séance de flagellation ;
- Deuxième brin : confesser à Dieu ce que ces premières observations vous ont montré ;
- Troisième brin : remercier Dieu pour tout ce qui a trait à la vérité contenue dans ce verset ;
- Quatrième brin : faire monter vers Dieu des requêtes, sur base des vérités contenues dans ce verset.
Etant donné que Luther avait l’habitude de faire cet exercice avec les dix commandements, j’ai un jour décidé de m’y mettre, alors que j’étais en pleine randonnée. Clairement, les deux premiers commandements ne s’appliquaient pas à moi. Je n’adorais aucune idole, après tout. J’ai quand même commencé par le premier : « Tu n’auras pas d’autre dieu que moi » (Exode 20.3). Alors que la sueur ruisselait sur mon visage et que je me désolais de cette piste escarpée qui semblait ne jamais finir, j’ai pris conscience du dieu qui surpassait Dieu : mon confort. Alors oui, je rendais service aux autres, mais je le faisais en fonction de ce qui m’arrangeait. Lorsque les circonstances devenaient plus tendues, j’allais me plaindre auprès de Dieu. J’ai donc confessé mon péché à Dieu et je l’ai remercié d’être Celui qui apporte la paix et la sécurité dans ce qui semble être les pires situations (et qui nous utilise de façon aussi incroyable). Je lui ai demandé de m’aider à lui faire confiance pour tout ce qui avait un lien avec mon confort.
Défi pratique
Dans la lignée de celui de la semaine passée, le défi de la semaine consistera à révéler notre dépravation.
• Poursuivez l’exercice du défi précédent en utilisant la « Prière des quatre brins » de Martin Luther.
• Continuez l’exercice avec les dix commandements.
Lectures supplémentaires
o Philippiens 3.17-21
o Romains 16.17-20
D’après Renovation of the Heart in Daily Practice: Experiments in Spiritual Transformation, par Dallas Willard et Jan Johnson, (Colorado Springs, CO: NavPress, 2006).
Traduction : E. Parodi | Adaptation/contextualisation : Y. Parodi